Hobyo


Des mon retour a Mogadiscio, Abdi m'emmena dans un petit hôtel. Je prenais une chambre, puis je demandais a Abdi s'il pouvait essayer de me fixer un rendez-vous avec les chefs du villages d'Hobyo, et si possible avec un pirate également. Il me répondit qu'il allait faire de son mieux mais qu'il ne me garantissait rien. J'étais très perplexe, car c'était une certitude pour moi que les chefs du village, et le pirate allaient refuser ma proposition. Quel homme occidental était assez fou pour aller rendre visite a des pirates Somaliens ? Nous sommes leurs ennemis, et ils seraient capable de m'achever d'une minute a l'autre, mais je devais prendre le risque, car celai faisait partit de mon métier. J'attendais le retour d'Abdi, et pour faire passer le temps je relisais quelques une de mes recherches. Certaines phrases que je lisais me perturbaient :

" "Quelle est la valeur d'une vie somalienne?", avait demande au journaliste un avocat de la défense Florent Loyseau de Grandmaison.
-"Voisine de zéro", a répondu le journaliste.
-"Et la valeur d'une vie occidentale en Somalie?"
-"Enorme. Le plus souvent les armateurs paient les rançons après les avoir négociées.  Quelques 700 marins sont actuellement retenus en otages, pour la plupart philippins, sri lankais... qui valent donc moins chers que les Occidentaux."
-L'avocat de poursuivre "Et combien vaut un Somalien désarmé?"
-"Moins que zéro."
                                              -Journal 20 minutes

3 heures plus tard, l’on frappa à ma porte, c’était Abdi.  Je voyais le sourire sur son visage, et devinais ainsi qu’il avait obtenu mon rendez-vous. Il me dit que notre pick-up nous attendait à l’entrée de l’hôtel, et que nous devions partir maintenant afin de pouvoir atteindre Hobyo avant le coucher du soleil. Le trajet qui nous attendait  n’était pas long comparé à celui de Lidaa, il ne suffisait que d’une heure et demie avant d’atteindre la ville pirate. Je savais déjà ce que j’allais demander aux chefs du village et aux pirates, j’y avais déjà longuement pensé la veille.
Une fois arrivé, cinq hommes nous attendaient Abdi et moi dans une petite maison en pierre. Deux d’entre eux étaient les chefs du village, tandis que les trois autres étaient des pirates. Une fois installés, je commençais par leur demander quel danger représentait ces déchets toxiques pour eux. Un des chefs me répondit en anglais, qui était pour moi facile à comprendre, que ce trafic est coupable du grand nombre de mortalités somalienne après la famine qui ravageait déjà cette population. Ces déchets étaient extrêmement nocifs pour leur santé car tous les enfants sont victimes de malformations, de cancers, d’un mauvais développement de l’appareil uro-génital, et de maladies de la peau et des yeux.  Dans ma tête je me disais qu’il serait intéressant d’aller visiter l’hôpital de Mogadiscio pour réellement  voir l’impact de ces déchets sur la population.
Un des pirates pris la parole en disant qu’il n’avait jamais voulu devenir ce qu’il est aujourd’hui, et qu’il fallait accepter cette conversion, car en tant que Somalien il se devait d’agir comme il le peut pour protéger son pays du pillage occidental, et que tout cela rendait encore plus dur leur vie qui l’était déjà. Le pirate accusait le gouvernement  d’avoir fragilisé la Somalie. Pour ce qui concernait la politique, les hommes me conseillèrent de me rendre à Villa Somalia, un bunker où siège le gouvernement somalien pour plus d’informations. Ensuite je leur demandais si une organisation humanitaire était déjà venue pour ces barils, l’un des chefs m’expliqua qu’en 2006, lorsque les conditions de sécurité le permettaient encore, une ONG est venue inspecter ces étranges citernes. Ils en découvrirent quarante, certaines contenaient des substances toxiques, d’autres étaient brisées par les vagues et leur contenu s’était dissous dans la mer. Les membres de l’ONG décidèrent de ne pas ouvrir ces barils, et de les recouvrir d’une simple couche de fibres de verre afin d’éviter d’éventuelles fuites, puis ils repartirent. Le chef ajouta que ces barils n’étaient pas identifiables, ils  présentaient ni numéro d’identification, ni nom d’entreprise, et à ce moment-là un des pirates l’interrompit brutalement en disant que tout cela était de la faute des occidentaux, qu’ils refusaient de les aider et qu’ensuite ils s’étonnaient de l’augmentation des pirates sur les côtes somaliennes. Tout le monde hocha leur tête à ces mots, même moi. Notre entretient venait à sa fin, et je remerciais les chefs d’Hobyo ainsi que les pirates de leur coopération, puis Abdi et moi nous remontions dans le 4x4 pour retourner à la capitale.


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