Lidaa

Je fus accueillit chaleureusement par un homme qui s’appelait Abdi lors de mon arrivé en Somalie. Abdi était le guide de Paul lorsque celui-ci était ici pour son documentaire. Il ne faudra pas que j’oublie de le remercier une fois rentré en France, car sans son aide j’aurais dû m’y prendre seul pour trouver un guide.Abdi avait une énergie débordante, il avait l’air d’aimer ce qu’il faisait. Son français était plutôt bien maîtrisé, il pouvait ainsi être mon interprète. A l’aéroport de Mogadiscio tout le monde me regardais ; j’imaginais qu’ils n’avaient plus l’habitude de voir des occidentaux arriver dans leur pays depuis que la guerre civile a éclatée, et je sentais que je n’étais pas le bienvenu.On pouvait voir la méfiance et l’agressivité dans leurs regards. Un chauffeur et quelques hommes armés m’attendaient à l’arrière d’un 4x4. La présence d’armes m’effrayait etme mettait mal à l’aise, mais Abdi m’expliqua qu’il était dangereux de se déplacer sans une escorte armée surtout pour nous journaliste, et finalement les armes me rassuraient. Une fois dans le véhicule, nous partions pour 17 heures de routes à travers le désert somalien en direction d’un petit village de pêcheurs : Lidaa.
Les heures passèrent, et personne ne disait un mot. Ce silence m’ennuyait, donc je décidai de prendre la parole en demandant aux hommes armés comment étaient leurs conditions de vies ici en Somalie, car elles me paraissaient très dures. Abdi fit la traduction, et un des hommes assis à mes côtés me répondit en disant très honnêtement que les occidentaux ont une vision très négative de la Somalie à cause de la guerre, mais que leur pays restais un pays de valeur à leurs yeux et que la vie des somaliens était certes dure mais sûrement moins que ce que les occidentaux veulent faire croire au monde entier. Il ajoutait aussi que chaque jours les somaliens se faisaient voler leurs richesses, et que leurs moyens de défense étaient très limités à cause de l’instabilité politique. C’est alors que je compris qu’ils étaient conscients de ce qu’il se passait à l’intérieur de leur pays comme à l’extérieur.
Paul Moreira a Lidaa
Nous traversions plusieurs petits villages qui se trouvaient sur notre route ; je remarquais que la famine décimait la Somalie et que les groupes armés islamistes ainsi que les pirates hantaient ce pays.
Les 17 heures passèrent et nous étions enfin arrivés à Lidaa.
Le village n’était pas abandonné, il y avait quelques familles très pauvres, leur seule richesse était le petit bétail qu’elles élevaient et qui parfois leur permettait de se nourrir. Un des villageois demanda à Abdi de le suivre jusqu'à la côte sans qu’on le lui demande. Il déclara qu’il savait pourquoi nous étions ici, car les seuls choses qu’il y ait à voir sont les citernes rouillées.Le nomade nous montra un vieux baril échoué sur la plage et il déclara qu’il était ici depuis 2005. « Cette citerne est remplie de poison. Si personne ne la prend, elle va se fissurer et le poison va se rependre » dit le villageois. Je lui demandais par le biais d’Abdi s’il savait qui avait jeté cette citerne, et il me répondit qu’il ne le savait pas et que personne ne le savais vraiment. L’homme ajouta que les côtes somaliennes n’étaient pas surveillées par des gardes, ce qui permettait a n’importe qui d’y déverser ce qu’ils voulaient.
Baril toxique sur les cotes de Lidaa
Je prenais en note tout ce que le villageois m’apprenait.
Je constatais que sur chaque côtés de la citerne il y avait un crochet solide ; ils facilitaient sûrement l’attache à une grue afin qu’il soit jeté par-dessus le bateau. Le baril était très solidement soudé. «  Il y a beaucoup de maladies dans le village ; des infections à l’œil, des maux de tête et des problèmes cardiaux. Un jour des hommes sont venus, ils ont recouvert le baril de fibres de verre et ils sont repartis. Leurs costumes orange nous effrayaient. Ils n’ont pas osé ouvrir ces barils car ils avaient peur pour leurs vies, ils ne voulaient pas prendre de risque» rajouta le nomade.
ONG a Lidaa
Il commençait à se faire tard et j’étais très fatigué. Nous décidions de passer la nuit à Lidaa, et de nous lever tôt le lendemain afin de reprendre la route pour Mogadiscio. Avant de me coucher, je réorganisais les informations que j’avais recueillies, et je constatai qu’il me fallait beaucoup plus de témoignages. Peu de temps après, une jeune femme nous apporta, aux hommes et à moi, un grand plat de riz et de viande, nous allions tous manger ensemble comme le veut leurs traditions. Lors du repas, je disais à Abdi qu’il fallait que je me rende à Hobyo, afin d’avoir plus d’informations  et de témoignages sur ce trafic, et Hobyo était réputée pour la présence pirate dans son port.

Nous finissions le dîner, et nous allèrent tous nous coucher.


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