Ce matin je fus réveillé par la
forte voix d’Abdi qui frappait à ma porte en m’appelant. Il m’annonça que les
hommes politiques étaient d’accords pour nous recevoir, mais qu’il devait
passer un appel pour savoir à quelle heure se tiendrai notre entretient. Je me
disais que ma journée commençait bien après la révélation de mon guide. Il
quitta ma chambre en ajoutant qu’il m’attendrait dans le hall au
rez-de-chaussée de l’hôtel. Je pris le temps de prendre une douche, de
m’habiller, et de me munir de mon petit sac en bandoulière qui contenait mon
bloc note et mon stylo avant de le rejoindre.
Une fois en bas je m’asseyais en face de lui, il parlait encore au
téléphone. Je demandais un café à la femme de chambre, et me l’apporta peu de
temps après. Il raccrocha le téléphone et m’annonça que notre rendez-vous avec
le ministre Abdourahman Ibbi avait lieu dans moins d’une heure, et qu’il
durerait deux heures. Je buvais mon café en cul-sec puis nous sortions de l’hôtel
pour nous diriger vers notre pick-up qui nous attendait déjà.
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Entrée de Villa Somalia |
A l’arrière de la voiture il y
avait encore ces hommes armés, mais cette fois elles étaient moins apparentes.
Afin d’atteindre Villa Somalia, nous devions passer par deux barrages ; la
sécurité était très pointilleuse, et heureusement pour moi que j’avais ma carte
de journaliste dans mon sac pour justifier ma venue. Lorsque nous nous rapprochions du bunker,
deux gardes nous ordonnèrent de tous descendre du véhicule, et ils nous
fouillèrent avant de nous laisser entrer Abdi et moi.
Villa Somalia n’étais pas comme
les lieux de la Somalie que je voyais, Il y avait de la verdure, les bâtiments
autour étaient entretenus. Et le fait que tout soit entretenu et surveillé
montrait que cet endroit était important pour la Somalie, et que lorsque vous y
avez mis les pieds, un pas de travers pourrait vous être fatal.
Une fois à l’entrée du bunker un
des gardes nous ouvrit la porte et pria de nous asseoir durant le temps
d’attente.
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Villa Somalia |
Trente minutes passèrent et un
homme armé nous demanda de le suivre jusqu’au bureau du ministre. Abdourahman
Ibbi était un homme très souriant, avec un bon anglais. Il nous invita à
prendre place et à commencer l’entretient. Mes premières questions étaient
simples ; je lui demandais ce qu’il pensait de la situation politique du
pays, et des déversements de déchets toxiques. Il me répondait que les
responsables politiques ne pouvaient rien faire pour leur nation à cause de
cette forte instabilité, et que même si ils envisageaient une solution on les
tuerait dès leur sortie de ce bunker, car les terroristes islamistes
n’attendaient que ça, d’où le renforcement de la sécurité a l’entrée du bunker.
Par rapport aux déchets toxiques, il déclara qu’il avait déjà essayé de joindre
des ONG dont celle qui était venue en 2006, mais qu’aucune de ces organisations
n’avait accepté de leur fournir l’aide nécessaire. Le ministre ajouta que ce
monde était égoïste, et que le trafic de déchets toxiques en Somalie n’était
jamais abordé pour que les gens s’y intéressent et fournissent du soutien. Je
prenais tout en note, puis je remarquais que nous arrivions presque à la fin du
délai accordé pour notre entretient, et que je n’avais encore rien appris de
nouveau. Je déclarais au ministre que lors de précédentes recherches sur ce
trafic, plusieurs fois revenaient des phrases qui parlaient d’un accord signé
entre l’ex-président Ali Mahdi et le consul d’Italie en Somalie Scaglionne, qui
permettait à une entreprise italienne nommée SHIPCO de déverser librement leurs
déchets toxiques et radioactifs sur les côtes somaliennes contre l’importation
d’armes. L’homme se braqua, face à cette réflexion, et commençait à se montrer
agressif, puis il rétorqua que cela ne me regardait en aucun cas, et que nous
devions quitter son bureau immédiatement. Je compris alors que cette histoire
semait la terreur, et que les hommes politiques étaient forcés à se taire pour
plus de sécurité. J’avais touché le point sensible de cette histoire : le
trafic d’arme dissimulé sous ces déchets toxiques.
La réaction du ministre m’agaça,
cette information m’aurait beaucoup aidée, mon retour pour Paris était prévu au
surlendemain et je n’avais plus personne à contacter.Mon article était
pratiquement fini mais la réponse à cette question si gênante pour le
vice-ministre était encore incertaine et pleine de doute.
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